Cameroun: Deux Femmes Accusees d’Homosexualite Plaident non Coupable

Source: 
Africa Presse

Deux femmes poursuivies pour homosexualité au Cameroun ont plaidé non coupable jeudi avant que leurs avocats ne demandent l’annulation de la procédure, a constaté un journaliste de l’AFP au Palais de justice à Ambam (sud).

Le président du tribunal de première instance d’Ambam (250 km de Yaoundé), ville frontalière du Gabon, a renvoyé le procès pour statuer sur la demande d’annulation de la procédure des avocats d’Esther, 29 ans, mère d’un enfant, et de Martine, 26 ans et mère de deux enfants.

Les deux jeunes femmes, de nationalité camerounaise, sont notamment poursuivies pour homosexualité et diffamation, selon le tribunal. Les pratiques homosexuelles sont interdites au Cameroun, la législation prévoyant une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison.

Dans l’acte d’accusation, elles sont soupçonnées d’avoir entretenu des rapports sexuels avec une personne de même sexe et porté atteinte à l’honneur d’une personne en lui attribuant des faits sans en apporter la preuve. Les deux jeunes femmes ont plaidé chacune non coupable.

Leurs avocats, Me Alice Nkom, célèbre pour son combat en faveur des homosexuels au Cameroun, et Me Abel Longa, ont demandé au tribunal d’annuler purement et simplement la procédure parceque leurs droits ont été bafoués lors de l’enquête préliminaire à la gendarmerie.

D’après Me Longa, l’enquêteur n’a pas demandé à ses clients si elles voulaient se faire assister d’un avocat lors de leur audition à la gendarmerie. De plus, elles n’ont pas été informés qu’elles pouvaient garder le silence, comme le veut la législation.

Aucun droit des prévenues n’a été violé, a réagi le procureur de la République.

Entre 250 et 300 personnes ont assisté au procès jeudi, selon une estimation d’un correspondant de l’AFP. La salle d’audience était pleine et de nombreuses personnes ont suivi les débats de l’exterieur.

L’enquête visant Esther et Martine a été ouverte à la suite d’une plainte le 8 février d’une femme mariée, habitant à Ambam, reprochant à une des prévenues de l’avoir accusé d’être lesbienne, selon des sources concordantes.

Le 10 février, les deux accusées ont été placées en garde à vue pendant 4 jours, avant d’être remises en liberté.

A l’issue des investigations, les enquêteurs ont soupçonné que les deux femmes étaient homosexuelles. Elles ont comparu libre jeudi.

Depuis que cette affaire a commencé, nous sommes la risée de tout le monde dans la ville. On nous traite de +sorcières+, a affirmé à l’AFP Esther à sa sortie du tribunal, encadrée par des gendarmes.

Plusieurs conducteurs de moto-taxis ont suspendu leur activité pour suivre le procès. Je suis venu les voir (les deux filles). Depuis qu’on parle d’elles dans la ville, je n’avais pas encore vu leurs visages. Je vois pas ce qu’elles ont fait de mal pour mériter ce sort, a affirmé à l’AFP l’un d’entre eux Fabrice Ngningha.

Ce n’est pas normal que deux femmes couchent ensemble. Il faut les condamner pour ce que cela serve d’exemple notamment à leurs enfants, a jugé sous anonymat une habitante de la ville.

Trois Camerounais ont été condamnés à Yaoundé en novembre à cinq ans de prison pour homosexualité. Leur procès doit se débuter vendredi dans la capitale politique.