Début du procès de Marocaines jugées pour "robe provocante"

Source: 
France 24

 Trois semaines après leur interpellation, deux Marocaines sont jugées depuis lundi 6 juillet à Agadir pour "outrage à la pudeur". Ces deux jeunes femmes, coiffeuses de profession, ont été appréhendées mi-juin sur un marché alors qu'elles se promenaient en robe. La police était intervenue après qu'elles eurent été encerclées par des gens qui protestaient contre leur tenue "jugée contraire aux bonnes mœurs".

Ces deux Marocaines, âgées de 23 et 19 ans, risquent de un mois à deux ans de prison, selon l'article 483 du code pénal. Le verdict "sera prononcé le 13 juillet", a déclaré par téléphone la présidente de la Fédération de la ligue des droits de femmes (LDDF), Fouzia Assouli.

Selon cette dernière, "500 avocats se sont enregistrés pour défendre les deux femmes mais en raison de l'exigüité de la salle, seuls 200 ont pu assister au procès". Le procès est en outre suivi par des dizaines de militants et associations des droits de l'Homme. Pour Bakar Sibaï, un avocat de la défense, c'est une "occasion pour notre pays d'adapter ses lois avec ses engagements en matière des droits de l'Homme et surtout les libertés individuelles". Deux hommes ont par ailleurs été arrêtés vendredi 3 juillet pour avoir agressé les deux femmes. Ils risquent de un mois à deux ans de prison.

 Le droit des femmes en question au Maroc

L’arrestation de ces deux femmes a profondément choqué une partie de l'opinion publique marocaine. Des rassemblements ont depuis eu lieu à Agadir, Casablanca ou encore Rabat en soutien aux accusées.Une pétition lancée sur Internet et intitulée "Mettre une robe n'est pas un crime !" a également recueilli plus de 25 000 signatures.

Cette controverse intervient après une série de polémiques sur les mœurs au Maroc, dont notamment l’interdiction du film du réalisateur marocain Nabil Ayouch "Much loved", qui traite de la prostitution. En mars dernier, à l'occasion de la journée internationale de la femme, des dizaines de milliers de Marocaines avaient défilé à Rabat pour réclamer plus de parité dans le pays. Adoptée dans le contexte du Printemps arabe, la Constitution de 2011 consacre pourtant "l'égalité des droits" et exhorte l'État à "œuvrer pour la parité" à travers la mise en place d'une instance spéciale, mais sa création est jugée bien trop lente par les associations.