Koweit: La nouvelle ministre koweïtienne dame le pion aux députés islamistes
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Courrier International "Une femme est installée aux premiers rangs", se réjouit le quotidien koweïtien Al-Raï Al-Aam.
Elle s'appelle Maasouma Moubarak, elle est diplômée d'une université américaine et professeur de relations internationales à l'université du Koweït.
Elle est la première femme à intégrer le gouvernement koweïtien avec sa nomination, dimanche 12 juin, au poste de ministre de la Planification et de secrétaire d'Etat au développement administratif. Qui plus est, Maasouma Moubarak est chiite. Cette confession musulmane représente près du tiers de la population autochtone du Koweït, estimée à quelque 956 000 personnes. Malgré cela, le cabinet koweïtien ne comptait plus de ministre chiite depuis la démission, en janvier dernier, sous la pression des députés islamistes sunnites, du ministre de l'Information, Mohamed Abdallah Abou Al-Hassan. L'arrivée de Maasouma Moubarak est donc à double titre un symbole dans un pays où les femmes ont difficilement droit de cité.
Ce n'est en effet que le 17 mai 2005 qu'une loi votée par le Parlement a accordé aux Koweïtiennes leurs droits politiques, dont elles étaient privées depuis l'indépendance du pays, en 1961. Elles devront cependant attendre les prochaines élections législatives, en juillet 2007, pour exercer leur tout nouveau droit de vote.
Ce changement d'attitude vis-à-vis des femmes est voulu par le pouvoir, notamment sous l'impulsion de l'émir Jaber Al-Ahmad Al-Sabah. D'ailleurs, le 5 juin 2005, après les élections municipales du 2 juin destinées à pourvoir dix postes de conseillers sur seize, l'émir a nommé deux femmes ingénieurs parmi les six derniers conseillers, qu'il lui revient de désigner.
Toutefois, cette ouverture politique vers les femmes ne correspond pas à une revendication populaire. Le gouvernement a même dû négocier le vote de la loi du 17 mai en s'engageant à augmenter les rémunérations des fonctionnaires et les pensions de retraite. Il a ainsi pu gagner les voix de quelques députés d'opposition et faire échec aux députés islamistes et tribaux qui ont réussi à empêcher l'adoption de cette loi pendant plus d'un an.
D'ailleurs, ces mêmes députés qui refusent leurs droits politiques aux femmes se sont mis à crier et à taper sur leur pupitre au moment de la prestation de serment, lundi 20 juin, de Maasouma Moubarak. La nouvelle fait la une de la presse koweïtienne. Al-Watan souligne que le premier ministre Sabah Al-Ahmad "a regretté ces réactions violentes et la cacophonie et a confirmé la régularité de la nomination de la ministre".
Al-Raï Al-Aam, quant à lui, poursuit en soulignant que, malgré les protestations que sa présence a suscitées, Maasouma Moubarak est restée calme. Dans son allocution, après sa prestation de serment, elle a fait preuve d'ouverture en se déclarant "prête à collaborer avec tous les députés dans l'intérêt du pays". Selon elle, "les critiques formulées par certains députés ne s'adressaient pas à elle personnellement. C'était une question d'ordre général." Elle a également tenu à préciser que de tels débats, même enflammés, "font partie de la démocratie qui respecte le pluralisme et la liberté d'expression."
Hoda Saliby
Ce n'est en effet que le 17 mai 2005 qu'une loi votée par le Parlement a accordé aux Koweïtiennes leurs droits politiques, dont elles étaient privées depuis l'indépendance du pays, en 1961. Elles devront cependant attendre les prochaines élections législatives, en juillet 2007, pour exercer leur tout nouveau droit de vote.
Ce changement d'attitude vis-à-vis des femmes est voulu par le pouvoir, notamment sous l'impulsion de l'émir Jaber Al-Ahmad Al-Sabah. D'ailleurs, le 5 juin 2005, après les élections municipales du 2 juin destinées à pourvoir dix postes de conseillers sur seize, l'émir a nommé deux femmes ingénieurs parmi les six derniers conseillers, qu'il lui revient de désigner.
Toutefois, cette ouverture politique vers les femmes ne correspond pas à une revendication populaire. Le gouvernement a même dû négocier le vote de la loi du 17 mai en s'engageant à augmenter les rémunérations des fonctionnaires et les pensions de retraite. Il a ainsi pu gagner les voix de quelques députés d'opposition et faire échec aux députés islamistes et tribaux qui ont réussi à empêcher l'adoption de cette loi pendant plus d'un an.
D'ailleurs, ces mêmes députés qui refusent leurs droits politiques aux femmes se sont mis à crier et à taper sur leur pupitre au moment de la prestation de serment, lundi 20 juin, de Maasouma Moubarak. La nouvelle fait la une de la presse koweïtienne. Al-Watan souligne que le premier ministre Sabah Al-Ahmad "a regretté ces réactions violentes et la cacophonie et a confirmé la régularité de la nomination de la ministre".
Al-Raï Al-Aam, quant à lui, poursuit en soulignant que, malgré les protestations que sa présence a suscitées, Maasouma Moubarak est restée calme. Dans son allocution, après sa prestation de serment, elle a fait preuve d'ouverture en se déclarant "prête à collaborer avec tous les députés dans l'intérêt du pays". Selon elle, "les critiques formulées par certains députés ne s'adressaient pas à elle personnellement. C'était une question d'ordre général." Elle a également tenu à préciser que de tels débats, même enflammés, "font partie de la démocratie qui respecte le pluralisme et la liberté d'expression."
Hoda Saliby