Burkina Faso: Marche mondiale des femmes

Source: 
Jeune Afrique
Ambiance de fête sur fond de revendications.
"Vima Ya Kanga!" (la vie est un combat, en langue mossi) crient à Ouagadougou des centaines de femmes à bout de souffle après un relais de trois kilomètres, ultime étape de la Marche mondiale des femmes, partie le 8 mars 2005 de Sao Paolo au Brésil.
"Nous exigeons la fin de l'oppression, des violences dont nous sommes victimes et revendiquons justice et solidarité pour un monde équitable", lance Marie, 33 ans, sage-femme au Burkina.

Dès 09H00, des centaines de femmes, venues de 31 pays d'Afrique, d'Asie, d'Europe et des Amériques ont manifesté lundi dans les rues de la capitale burkinabè pour marquer la fin de la Marche mondiale.

Partie du Brésil, la Marche mondiale a parcouru une cinquantaine d'Etats à travers le monde, avant de passer du Mali voisin au Burkina.

Sous un soleil de plomb, des femmes indiennes, sud-africaines, françaises brésiliennes, péruviennes, norvégiennes, suisses, habillées en vert, en blanc ou en jaune - les couleurs symbolisant leur lutte - ont dansé et chanté au ryhme des folklores burkinabè et africains.

"Voyez ces femmes ensemble comme des soeurs, si nous, les hommes, étions comme elles, le monde aurait sans doute un visage plus humain", sourit Saïdou Ouédraogo, cireur de chaussures, regardant rêveur la marche.

La joie n'a pas fait pour autant oublier à la foule le but de sa lutte, l'instauration d'un monde fondé sur cinq valeurs: liberté, égalité, solidarité, justice et paix.

C'est pour "promovoir" ces valeurs, contenues dans la Charte mondiale de la femme, que la Marche mondiale est née il y a cinq ans.

"Elle vise à accroître l'impact de notre combat contre l'iniquité et l'injustice dont nous souffrons partout", déclare Awa Ouédraogo, coordonnatrice burkinabè de la Marche, à l'occasion de l'inauguration d'une place et d'une avenue de la Paix.

Jouxtant l'aéroport de la ville, l'avenue de la Paix est longue d'un demi kilomètre, et sur la place du même nom a été érigé un monument avec deux statuettes en bronze, représentant deux enfants lâchant des colombes.

"C'est bon, mais ce n'est pas arrivé!", martèle Awa Ouédraogo, après avoir cité des réalisations du gouvernement burkinabè en vue de "réduire la pauvreté et les violences contre les femmes".

"Désormais, nous exigeons 20% des postes ministériels, 30% des postes de députés dans la future assemblée", ajoute-t-elle sous un tonnerre d'applaudissements.

"Notre place dans la société est sous-évaluée", a estimé Diane Marthe, coordonnatrice internationale de la Marche, après avoir lu des extraits de la Charte mondiale, avant un lâcher de colombes.

Au moment où les femmes bouclaient leur marche au Burkina Faso, des manifestations similaires étaient organisées simultanément à travers le monde.

Après "Ouaga", les membres du comité international de la Marche des femmes se retrouveront à Dakar pour élaborer "les stratégies de lutte" pour la période 2006-2010.

17 octobre 2005 - AFP