Maroc: La Ligue démocratique pour les droits des femmes a ouvert un centre d'hébergement
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Global Rights Morocco 1er juin dernier a été ouvert dans le plus grand des secrets à Casablanca le premier centre d'hébergement pour femmes battues et violentées.
Malgré les risques que cela peut comporter, vu que le Code pénal (articles 494 et 495) punit, d'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 120 à 1000 Dh, toute personne qui cache sciemment une femme mariée en fuite, la Ligue démocratique pour les droits des femmes a tenu à offrir à ces femmes un endroit où elles pourront se réfugier le temps de trouver une solution à leur problème.
«Légalement nous devons déclarer aux autorités si une femme qui a fui le domicile conjugal se présente à nous.
Mais bien évidemment nous ne le faisons pas. C'est une question de principe. Si jamais j'appelle les flics, ils la ramèneront chez elle et Dieu sait ce qui peut arriver. Notre devoir est d'aider et de protéger ces femmes. Le Code de la famille a, certes, changé et la loi a évolué mais il reste encore tellement de choses à faire.
C'est pour cette raison d'ailleurs que nous ne communiquons jamais ni l'adresse du centre ni le numéro de téléphone», explique Bouchra Abdou, membre du bureau national de la LDDF. En effet, même si dans la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, lancée par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, on encourage la création de centres d'hébergement pour venir en aide aux femmes en détresse, le Code pénal l'interdit.
Par ailleurs, quand les associations demandent l'autorisation d'ouvrir un centre d'hébergement les autorités signent l'accord sans aucun problème. Il y a donc une hypocrisie que personne ne comprend, une contradiction propre à notre pays ! :
« Nous jouons avec le feu. L'Etat et la société devraient nous aider et nous encourager, or nous ne voyons rien. Le fait que le Code pénal interdise d'apporter assistance aux femmes en détresse est inadmissible.
Cet article doit être supprimé !» continue Bouchra Abdou. En attendant, le centre qui a une capacité d'accueil de 20 personnes attend encore les locataires, qui pourront rester au centre pour une durée maximale d'un mois. «Nous avons informé tous les centres d'écoute de la LDDF ouverts à travers tout le Maroc, mais également les autres associations concernant l'ouverture du centre.
Ainsi si elles reçoivent des cas de femmes battues violemment par leur mari, expulsées du domicile conjugal et sans famille pour les héberger, elles nous les envoient afin que nous les prenions en charge. Nos portes sont également ouvertes à d'autres cas, notamment les mères célibataires», explique Bouchra Toutefois, le centre n'a pas pour seule vocation l'hébergement.
Des ateliers de formation professionnelle et un service d'aide à l'insertion dans le monde du travail seront également disponibles, ainsi que des cours d'alphabétisation pour celles qui ne savent ni lire ni écrire : «Actuellement, ces ateliers n'ont pas encore vu le jour. Nous n'avons pas les moyens et nous attendons également de voir quels sont les besoins réels de ces femmes.
C'est un travail qui se fera avec elles. Nous nous adapterons à leurs besoins», poursuit Bouchra. Pour l'instant, les femmes pourront toujours bénéficier des services offerts par le réseau et centre d'écoute LDDF-Assistance qui a pour but d'allier l'expertise associative et militante en matière d'écoute, de conseils et d'orientation juridique au processus global de sensibilisation et de mobilisation pour l'égalité et la citoyenneté. Ainsi, psychologues, psychiatres, pédiatres, avocats et gynécologues sont là pour apporter toute leur aide à ces femmes. «Dans les centres d'écoute, des écoutantes et des assistances sociales sont là pour les aider et assurer un suivi. Des enquêtes sont également menées pour vérifier la véracité des faits rapportés», dit Bouchra.
Aujourd'hui, la LDDF, ainsi que toutes les associations féminines luttent plus que jamais pour que les lois changent et que la société ainsi que l'Etat les soutiennent dans leur combat.
Le Code de la famille est certes une avancée considérable pour les femmes, mais cela reste insuffisant dans la mesure où on assiste encore aujourd'hui à des centaines de femmes battues, obligées de fuir le domicile conjugal pour éviter les coups et contraintes et éviter aussi que la personne qui leur apporte assistance ne soit punie aussi. Un changement radical est plus que nécessaire si nous voulons que cette souffrance cesse et qu'enfin nous puissions dire avec fierté qu'au Maroc, l'égalité des sexes existe !
La violence en chiffres
Selon un rapport réalisé par la LDDF sur l'application du Code de la famille deux ans après son entrée en vigueur, les statistiques du réseau des centres d'écoute et de conseil juridique LDDF – Assistance de Casablanca, Rabat, Béni Mellal, Fquih Bensaleh, Marrakech, Ouarzazate, Mohammedia, Larache et Amezmiz montrent que la pension représente 40,39 % de l'ensemble des affaires soumises à la justice dans le cadre du Code de la famille, la violence physique et l'exclusion du foyer conjugal s'élèvent à 41 % et 13.910 affaires de violence physique à l'encontre des femmes ont été présentées aux tribunaux en 2004. 15.466 poursuites ont été engagées.
Dans une étude de la Ligue en 2005 sur des quartiers marginaux de Rabat, la violence physique du mari représente 24 % et l'exclusion du foyer 7 %, soit un total de 31%. La pension vient en seconde position avec 21 %.
Source : Le Matin du 21 juin 2006 page 6
C'est pour cette raison d'ailleurs que nous ne communiquons jamais ni l'adresse du centre ni le numéro de téléphone», explique Bouchra Abdou, membre du bureau national de la LDDF. En effet, même si dans la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, lancée par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, on encourage la création de centres d'hébergement pour venir en aide aux femmes en détresse, le Code pénal l'interdit.
Par ailleurs, quand les associations demandent l'autorisation d'ouvrir un centre d'hébergement les autorités signent l'accord sans aucun problème. Il y a donc une hypocrisie que personne ne comprend, une contradiction propre à notre pays ! :
« Nous jouons avec le feu. L'Etat et la société devraient nous aider et nous encourager, or nous ne voyons rien. Le fait que le Code pénal interdise d'apporter assistance aux femmes en détresse est inadmissible.
Cet article doit être supprimé !» continue Bouchra Abdou. En attendant, le centre qui a une capacité d'accueil de 20 personnes attend encore les locataires, qui pourront rester au centre pour une durée maximale d'un mois. «Nous avons informé tous les centres d'écoute de la LDDF ouverts à travers tout le Maroc, mais également les autres associations concernant l'ouverture du centre.
Ainsi si elles reçoivent des cas de femmes battues violemment par leur mari, expulsées du domicile conjugal et sans famille pour les héberger, elles nous les envoient afin que nous les prenions en charge. Nos portes sont également ouvertes à d'autres cas, notamment les mères célibataires», explique Bouchra Toutefois, le centre n'a pas pour seule vocation l'hébergement.
Des ateliers de formation professionnelle et un service d'aide à l'insertion dans le monde du travail seront également disponibles, ainsi que des cours d'alphabétisation pour celles qui ne savent ni lire ni écrire : «Actuellement, ces ateliers n'ont pas encore vu le jour. Nous n'avons pas les moyens et nous attendons également de voir quels sont les besoins réels de ces femmes.
C'est un travail qui se fera avec elles. Nous nous adapterons à leurs besoins», poursuit Bouchra. Pour l'instant, les femmes pourront toujours bénéficier des services offerts par le réseau et centre d'écoute LDDF-Assistance qui a pour but d'allier l'expertise associative et militante en matière d'écoute, de conseils et d'orientation juridique au processus global de sensibilisation et de mobilisation pour l'égalité et la citoyenneté. Ainsi, psychologues, psychiatres, pédiatres, avocats et gynécologues sont là pour apporter toute leur aide à ces femmes. «Dans les centres d'écoute, des écoutantes et des assistances sociales sont là pour les aider et assurer un suivi. Des enquêtes sont également menées pour vérifier la véracité des faits rapportés», dit Bouchra.
Aujourd'hui, la LDDF, ainsi que toutes les associations féminines luttent plus que jamais pour que les lois changent et que la société ainsi que l'Etat les soutiennent dans leur combat.
Le Code de la famille est certes une avancée considérable pour les femmes, mais cela reste insuffisant dans la mesure où on assiste encore aujourd'hui à des centaines de femmes battues, obligées de fuir le domicile conjugal pour éviter les coups et contraintes et éviter aussi que la personne qui leur apporte assistance ne soit punie aussi. Un changement radical est plus que nécessaire si nous voulons que cette souffrance cesse et qu'enfin nous puissions dire avec fierté qu'au Maroc, l'égalité des sexes existe !
La violence en chiffres
Selon un rapport réalisé par la LDDF sur l'application du Code de la famille deux ans après son entrée en vigueur, les statistiques du réseau des centres d'écoute et de conseil juridique LDDF – Assistance de Casablanca, Rabat, Béni Mellal, Fquih Bensaleh, Marrakech, Ouarzazate, Mohammedia, Larache et Amezmiz montrent que la pension représente 40,39 % de l'ensemble des affaires soumises à la justice dans le cadre du Code de la famille, la violence physique et l'exclusion du foyer conjugal s'élèvent à 41 % et 13.910 affaires de violence physique à l'encontre des femmes ont été présentées aux tribunaux en 2004. 15.466 poursuites ont été engagées.
Dans une étude de la Ligue en 2005 sur des quartiers marginaux de Rabat, la violence physique du mari représente 24 % et l'exclusion du foyer 7 %, soit un total de 31%. La pension vient en seconde position avec 21 %.
Source : Le Matin du 21 juin 2006 page 6