Afghanistan: Une bonne parlementaire doit savoir se taire

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Journal l'Humanité
La députée afghane Malalai Joya a été suspendue, lundi, pour avoir jugé l’Assemblée «pire qu’une étable».
Elle avait déclaré à la télévision: «Dans une étable, il y a des vaches qui donnent du lait et des ânes qui portent des fardeaux. Mais eux, ils sont pires que des vaches et des ânes, ils sont comme des dragons.»
Si elle n’est pas la seule à critiquer la Chambre basse, c’est pourtant la première qui en subit les conséquences. La comparaison animalière de la jeune femme de vingt-huit ans devrait faire sourire. Mais son franc-parler agace depuis trop longtemps ses confrères, qui se sont souvenus d’un article du règlement parlementaire interdisant aux députés d’émettre des critiques envers leurs collègues. Article en vertu duquel ils ont voté, à une vaste majorité, son exclusion. Malalai Joya s’était attirée les foudres de nombreux parlementaires par ses discours très critiques à l’égard des anciens chefs de guerre moudjahidin, qui dominent toujours la vie politique afghane. En mai 2006, elle avait affirmé sa volonté d’exprimer ses opinions au risque de se retrouver totalement isolée au Parlement. Elle en est aujourd’hui exclue. L’organisation Human Rights Watch (HRW) a demandé aux parlementaires de «réintégrer immédiatement» la jeune députée, réclamant du même coup une révision de l’article qui «viole le principe de liberté d’expression». Et permet, en toute impunité, d’évincer les «gêneurs».

Karine Parquet

25 mai 2007