Egypte: La mention de la religion sur la carte d’identité discriminatoire

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AFP / Islam-pluriel.net
“Nous avons essayé (d’obtenir le certificat), mais on nous a dit que nous devions choisir entre musulman, chrétien ou juif”, explique la soeur de la défunte.
La mention de la religion sur la carte d’identité en Egypte est à l’origine de discriminations pour les convertis au christianisme et les membres des minorités religieuses, dénonce l’organisation Human Rights Watch dans un rapport publié lundi.
Tout Egyptien âgé de 16 ans doit être muni d’une carte d’identité mentionnant sa religion, document qui s’avère obligatoire pour ouvrir un compte en banque, obtenir un emploi ou un permis de conduire, s’inscrire à l’école, ou encore faire vacciner un enfant.

Or, le ministère de l’Intérieur ne délivrera pas le document aux personnes refusant de mentionner une des trois religions reconnues officiellement –musulmane, chrétienne, juive–, ainsi qu’aux convertis ayant renoncé à l’islam, dénonce HRW dans ce rapport.

L’attitude des autorités pénalise notamment la minorité religieuse des Bahaïs, note l’organisation, qui mentionne dans son rapport le cas de Salwa Iskandar Hanna, une Bahaï décédée en octobre 2005: sa famille a pu l’enterrer mais n’a pu jusqu’à présent obtenir un certificat de décès, l’Etat réclamant une conversion –à titre posthume– à l’une des trois religions officielles.

“Nous avons essayé (d’obtenir le certificat), mais on nous a dit que nous devions choisir entre musulman, chrétien ou juif”, explique la soeur de la défunte. La communauté des Bahaïs, un mouvement philosophico-religieux fondé au XIXe, compte 2.000 personnes en Egypte. Le nombre de musulmans convertis au christianisme est largement plus élevé, et ceux considérés comme apostats sont les moins bien lotis, selon le rapport.

“Les services de sécurité ont tenté de nous convaincre tous les deux d’être musulmans”, déclare un couple de convertis, cité par le rapport. “Nous étions épuisés, avions passé plus de 24 heures sans manger. N’arrivant pas à nous convaincre, ils ont ouvert une enquête criminelle contre nous”, affirme-t-il.

“Les responsables du ministère de l’Intérieur croient apparemment qu’ils ont le droit de choisir la religion des individus lorsque la religion de ces personnes ne leur plaît pas”, a réagi Joe Stork, directeur-adjoint du département du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord auprès de HRW. Pour M. Stork, la politique du ministère de l’Intérieur est de dire: “Si vous mentez, nous vous donnerons les documents dont vous avez besoin, mais si vous dites la vérité à propos de votre religion, nous rendrons votre vie misérable en vous en privant”.

“Ceci consiste à punir les gens uniquement sur la base de leurs croyances”, ajoute ce responsable de HRW. Selon HRW et l’Initiative personnelle pour les droits personnels (EIPR), l’attitude de l’Etat égyptien amène des ciotyens à se procurer des documents falsifiés, ce qui les rend passibles de poursuites judiciaires.

D’autres se résignent à inscrire une religion qui ne leur est pas propre, note le rapport. HRW appelle par conséquent l’Egypte à omettre de mentionner la religion sur les cartes d’identité ou à permettre aux personnes de rédiger la mention de leur choix.

13 novembre 2007