Pakistan: Les Taliban ont décrété une interdiction pour les filles de faire des études

Source: 
Egalité Maintenant
Au nord-ouest du Pakistan, la pression des fondamentalistes a conduit a un degré alarmant de violence et de discrimination a l’egard des filles et des femmes.
Egalite Maintenant appelle le gouvernement pakistanais a proteger les filles dans le district de Swat et assurer leurs droits a l’education.
Par la voix de Maulana Fazlullah, un extrémiste religieux, ils ont annoncé cette interdiction sur une station de radio FM clandestine, ordonnant à tous les parents de retirer leurs filles de l’école (qu’elle soit privée ou publique) avant le 15 janvier 2009, faute de quoi les écoles seraient dynamitées et les filles assassinées ou, comme cela s’est produit récemment en Afghanistan, aspergées d’acide au visage.

Ces deux dernières années, l’influence des Taliban n’a cessé de croître dans la vallée de Swat et les zones tribales administrées au niveau fédéral (FATA). Selon les rapports de presse, ils ont détruit 100 écoles dans le district de Swat au cours des 14 derniers mois, affectant 70 000 filles environ. Si rien n’est fait pour combattre cette interdiction, on estime à 40 000 le nombre de filles supplémentaires qui seraient privées de leurs droits fondamentaux à l’éducation.

La montée en puissance des Taliban a eu d’autres graves répercussions sur la vie des femmes du Swat. Les Taliban ont menacé de terribles représailles les femmes sortant de chez elles sans être accompagnées d’un homme de la famille et sans carte d’identité. Ils ont aussi ordonné que les femmes soient entièrement voilées. Les rapports de presse évaluent à une douzaine le nombre de femmes abattues pour « activités immorales », parmi lesquelles Bakht Zeba, une assistante sociale de 45 ans qui plaidoyait en faveur de l’éducation des filles. Des ONG locales ont confirmé à Egalité Maintenant que la situation des femmes et des filles était très préoccupante dans les FATA et, plus récemment, dans le district de Swat.

Le gouvernement pakistanais envisagerait d’appliquer la charia dans ces régions afin de mettre fin au conflit avec les militants, bien qu’il semble que les fondamentalistes aient déjà mis en place leurs propres tribunaux islamiques dans beaucoup d’endroits et qu’ils aient instauré des exécutions publiques pour les personnes enfreignant la charia. Le fait que le gouvernement autorise l’existence d’un système judiciaire parallèle interprété par des personnes qui ne reconnaissent pas les droits fondamentaux des femmes et des filles, est tout à la fois inconstitutionnel et inacceptable.

Il est du devoir du gouvernement pakistanais de veiller à ce que le droit à l’éducation de toute jeune Pakistanaise ne soit pas menacé ni compromis, notamment par des agissements de personnes sans liens avec l’Etat. En particulier, les articles 25 et 34 de la Constitution pakistanaise font obligation à l’état d’éliminer toute discrimination et d’assurer la participation entière des femmes dans tous les domaines, et l’article 37 impose à l’état d’ « éliminer l’analphabétisme et dispenser un enseignement secondaire gratuit et obligatoire dans les délais les plus brefs possibles » et de « proposer largement un enseignement technique et professionnel et donner à tous accès aux études supérieures en fonction du mérite ». Par ailleurs, le Pakistan a ratifié différentes conventions internationales par lesquelles le pays s’est engagé à assurer l’égalité entre les sexes et à garantir le respect des droits à l’éducation. Il s’agit par exemple du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

Janvier 2009

Source : Egalite Maintenant