Sénégal: Les femmes musulmanes unissent contre les violences faites aux femmes

Source: 
Walf Fadjri
‘Si nous ne nous décidons pas à agir, nous ne cesserons de payer les conséquences. Le cas de la récente lapidation d’une femme par son mari dans le quartier populaire de Yeumbeul en est la preuve’, souligne Codou Bop.
Fini le temps où les femmes se laissaient torturer par leurs conjoints en silence, de peur de se faire rejeter par la société. Conscientes qu’elles sont les seules habilitées à se défendre convenablement, les femmes africaines unissent leurs forces et leur savoir-faire pour mettre un terme à ce phénomène.
Humiliées, battues, violentées, selon les humeurs de leurs conjoints, les femmes musulmanes unissent leurs forces pour mettre un terme à ce genre d’agissement déshonorant. C’est ainsi qu’elles comptent animer une campagne mondiale pour lutter contre ce phénomène. Cette initiative intitulée ‘Arrêtons de tuer et de lapider les femmes’, [était] lancée par le réseau des femmes sous lois musulmanes (Wluml). ‘Les femmes sont violentées sous n’importe quel prétexte’, dénonce Codou Bopp, la coordinatrice du projet au Sénégal, par ailleurs présidente du Groupe de recherche sur les femmes et lois au Sénégal (Grefels). ‘Si nous ne nous décidons pas à agir, nous ne cesserons de payer les conséquences. Le cas de la récente lapidation d’une femme par son mari dans le quartier populaire de Yeumbeul en est la preuve’, souligne-t-elle.

Pour mettre un terme à ce phénomène qui ne cesse de s’accroître à travers l’Afrique et qui reste impuni sous prétexte que la loi musulmane permet à l’homme de corriger sa femme, toutes les mesures adéquates seront prises par les femmes. Certes, soutient Codou Bopp, ‘nous ne critiquons pas les recommandations de la loi musulmane qui, contrairement à ce que veulent nous faire croire certains prêcheurs, protège et privilégie la femme. Aussi nous n’allons pas permettre que des gens malintentionnés s’en servent pour maltraiter à leur guise leurs compagnes’. Pour elle, la responsabilité de promouvoir et de protéger les droits des femmes n’est pas du seul ressort du gouvernement. Toutes les différentes parties prenantes ont également la responsabilité d’aider et de prendre des initiatives propres. ‘Les associations de femmes, les autorités de police, les médias et les personnes privées doivent jouer leur rôle’, confie-t-elle.

Toutefois, de nombreux efforts ont été faits pour juguler, voire enrayer la violence à l’égard des femmes au Sénégal. Il existe diverses politiques et lois pour la défense des femmes. Seulement, ces politiques et législations ne portent pas spécifiquement sur la violence à l’égard des femmes et ne sont pas non plus consolidées. Elles sont plutôt dispersées dans divers instruments traitant de l’analphabétisme de la femme, de sa santé, en général, et sont mises en œuvre par différentes autorités. Cette fragmentation des politiques et de la législation constitue un écueil majeur.

Bien que la violence faite aux femmes soit largement reconnue, les mesures palliatives tendent à être bien au deçà de celles qui sont requises. Cela est, en grande partie, imputable au large éventail de normes culturelles, de valeurs et des traditions qui sous-tendent les compréhensions conceptuelles de ce qu’est exactement la violence faite aux femmes et de son impact.

Les femmes du réseau comptent renforcer la résistance avec l’aide des défenseurs des droits des femmes et les mouvements féministes et attirer l’attention sur les cas d’abus en rendant plus efficace l’emploi des instruments mis sur pied par les institutions régionales et internationales. ‘Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale pour arrêter le meurtre des femmes et de toutes autres pratiques qui empêchent les femmes de maintenir leur intégrité physique et leur dignité humaine’, révèle Codou Bopp.

Par Paule Kadja TRAORE

Source : Walf Fadjri