Sénégal: Homosexuel, tout un combat

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Haut courant
Après la chasse aux sorcières, voici la chasse aux "goorjigen" (terme péjoratif qui signifie littéralement “homme-femme” en wolof)".
Dans un pays à 90% musulman, les homosexuels ont la vie dure : menacés, agressés, emprisonnés, nombre d’entre eux s’exilent pour une vie meilleure. A l’image de leur icône, Pape Mbaye (homosexuel notoire), réfugié aux États-Unis avec le concours d’associations gays.
L’affaire qui soulève le pays

La presse n’a pas hésité pas à exprimer son opinion vis à vis de cette "déviance" venue de l’Occident. Créant la polémique autour des neuf accusés d’"acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs" le 6 janvier dernier, les journaux ont fermement condamné la célébration du mariage gay qui a conduit ces hommes en prison.

L’affaire débute dans les colonnes du journal "Icône". Les photographies privées du mariage ont été publié par Mansour Dieng, directeur de la publication qui explique sur Afrik.com, "Je ne voulais pas créer la polémique, j’ai juste relaté un fait. Comme personne n’a voulu me croire j’ai dû le prouver par des photos."

Le 20 avril, la Cour d’appel a annulé la procédure et ordonné leur libération, sous la pression internationale. La secrétaire aux Droits de l’homme a appelé à de nombreuses reprises les dirigeants sénégalais afin qu’ils libèrent les neuf hommes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le journal "24 heures Chrono" n’a pas apprécié la situation et a ouvertement pointé du doigt la décision.

Le jour de leur libération, le 30 avril 2009, le journal "24 heures Chrono" a remis en cause la décision de justice en écrivant selon le site Têtu.com que "la décision de justice revient à faire croire au peuple que les actes contre-nature (...) sont moins graves que ceux que l’on reprocherait à El Malick Seck".

Ce dernier est le directeur de publication du journal emprisonné pour "délit de presse", il vient d’être gracié par le président Abdoulaye Wade. Le site de Têtu, ajoute que le journal s’inquiète de "l’émergence de l’homosexualité, qui étend de plus en plus ses tentacules dans la société sénégalaise".

Une répression de plus en plus accrue

Depuis 1965, l’homosexualité est punie par la loi, "le Code pénal sénégalais punit d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 100.000 à un million de francs CFA (de 238 à 2.380 dollars environ) tout acte considéré comme contre-nature, notamment un acte sexuel entre personnes de même sexe".

Cet article de loi illustre la vie quotidienne des homosexuels qui vivent avec la peur d’être dénoncé : harcelé par des coups de téléphone de "menace de mort", un jeune homme raconte à Têtu.com, "On est persécuté en permanence, on se fait taper, insulter, dénoncer. Je vie avec la peur au ventre".

Cette situation risque de se dégrader avec la création le 29 avril 2009 à Dakar par des chefs religieux musulmans un "Front islamique pour la défense des valeurs éthiques". Le but de ce front est de préserver toute "attaque contre l’islam", particulièrement depuis la libération des neuf homosexuels sénégalais.

13 mai 2009

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