Afghanistan: Les talibans en faveur de l'éducation des filles?

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Radio Canada

Les talibans ne sont plus opposés à l'idée que les filles fréquentent l'école, affirme le ministre de l'Éducation afghan, Farooq Wardak, dans une entrevue accordée au Times Educational Supplement de Londres. L'information n'a pas été confirmée par les talibans.

« Ce que j'entends au plus haut niveau politique chez les talibans, c'est qu'ils ne sont plus opposés à l'éducation ni à l'éducation des filles », affirme M. Wardak. « C'est un changement d'attitude, un changement comportemental, un changement culturel. »

M. Wardak, qui était de passage à Londres dans le cadre du Forum mondial sur l'éducation, est considéré comme un proche du président afghan Hamid Karzaï. Il est considéré comme un acteur clé dans les négociations entre le gouvernement et les talibans.

Selon un correspondant de la BBC en Afghanistan, des militants et des chefs de tribu ont conclu des ententes au niveau local pour permettre aux filles, ainsi qu'aux enseignantes, de reprendre le chemin de l'école.

« À l'époque des talibans, le pourcentage de filles au sein du million d'étudiants que nous avions était de 0 %. Aujourd'hui, 38 % de nos étudiants sont des filles et 30 % de nos professeurs sont des femmes », affirme le ministre Wardak.

Selon des spécialistes de la région interrogés par le quotidien britannique The Guardian, les talibans ont toujours été davantage troublés par la mixité à l'école que par l'éducation des filles en soi. Ils refusaient surtout que des garçons et des filles fréquentent la même école, et que des hommes enseignent à des filles.

Une experte en éducation au sein du Comité suédois pour l'Afghanistan, Amir Mansory, soutient que 33 000 filles fréquentaient des écoles en Afghanistan à la fin des années 90, bien que l'essentiel du pays soit sous contrôle des talibans.

« C'était une politique secrète en quelque sorte. Personne ne disait que les filles pouvaient aller à l'école, mais dans les provinces, des responsables talibans venaient me demander l'aide du Comité suédois pour les écoles de filles », affirme M. Mansory.

S'il est vrai que les talibans ont fermé plusieurs écoles en Afghanistan au cours des dernières années, concède M. Mansory, ils en ont activement soutenu d'autres dans des régions qu'ils contrôlaient, notamment dans les provinces de Paktika et de Wardak.

« Je crois personnellement que les talibans ne sont pas contre l'éducation, mais plutôt contre l'éducation à l'occidentale », ajoute-t-il. « Et si les habitants veulent faire éduquer leurs filles, les talibans savent qu'ils ne pourront rien faire pour arrêter ça ».

La perspective que les talibans acceptent que les filles fréquentent l'école serait assurément bienvenue dans les pays occidentaux, et notamment ceux qui font la guerre aux talibans.

La guerre, en cours depuis maintenant neuf ans, a été déclenchée à l'initiative des États-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 pour des raisons de sécurité nationale.

Le sort réservé aux femmes par les talibans a cependant beaucoup contribué à démoniser le régime taliban et à convaincre les populations des pays occidentaux du bien-fondé de l'intervention.