WLUML: En réponse aux forces délégitimant la CSW !

Femmes sous Lois Musulmanes (Women Living Under Muslim Laws-WLUML) et son réseau de partenaires se sentent profondément concernés par les négociations en cours au sein de la 57ème Commission sur la Condition de la Femme (CSW), qui, cette année, se concentre sur la prévention et l’élimination de toutes formes de violence à l’égard des femmes et des filles. La CSW s’appuie sur des accords internationaux relatifs aux droits humains déjà établis. Cependant, les États qui attaquent la CSW se servent d’arguments fondés sur la religion, la culture et la tradition afin de justifier les violences et les discriminations à l’égard des femmes et de permettre des violations de leurs droits fondamentaux.

WLUML dénonce l’utilisation de la « religion » ou de la « tradition » comme moyen de légitimer les pratiques patriarcales. WLUML sait, du fait de ses recherches approfondies sur le sujet, que du strict point de vue religieux, le Coran peut être lu et interprété de multiples façons. De plus, les croyances et valeurs culturelles et traditionnelles influencent souvent l’interprétation religieuse. Ceci est clairement démontré là où les traditions locales, telles le mariage mut’ah ou les mutilations génitales féminines, sont considérées comme parties intégrantes de la « religion » dans certains pays musulmans et non dans d’autres.

WLUML lance un appel aux États afin que ceux-ci réaffirment leur engagement en faveur des normes convenues quant à la promotion des droits des femmes et l'élimination et la prévention des violences à l’égard des femmes tels qu'ils sont énoncés dans la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), la Déclaration et le Programme d'action de Vienne, la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la Déclaration et le Programme d'action de Pékin et la Conférence internationale sur la population et le développement ainsi que les autres législations et accords internationaux humanitaires et relatifs aux droits humains.

WLUML reconnait la situation particulière des femmes et des filles dans les pays en transition démocratique (Egypte, Tunisie, Lybie) et soutient l’action des acteurs locaux dans ces régions en transition, dans leur lutte pour le respect, la protection et l’établissement des droits des femmes.

WLUML exige fortement de tous les États et de la communauté internationale qu'ils rejettent toute tentative d’invoquer des valeurs “traditionnelles” ou des morales pour porter atteinte aux droits humains garantis par le droit international ou en limiter la portée. L’évocation des coutumes, de la tradition ou de considérations religieuses afin de justifier les discriminations et les violences à l’égard des femmes et des filles ne doit pas être tolérée, qu’elle soit le fait d’autorités de l’État ou d’acteurs non-étatiques.

WLUML soutient la société civile et les organisations non gouvernementales dans leur combat pour défier les valeurs et pratiques traditionnelles allant à l’encontre des droits humains et des normes, standards et principes relatifs aux droits humains.

WLUML insiste sur le fait que le mandat de la CSW est de veiller à la pleine application des accords internationaux existants relatifs aux droits des femmes, d’évaluer les progrès accomplis en terme d’égalité de genre, d’identifier les défis, de fixer les standards mondiaux et de formuler des politiques concrètes pour promouvoir l’égalité et l’avancement des femmes partout dans le monde. Le document final doit promouvoir les droits des femmes et non pas faire un pas en arrière alarmant par rapport au droit international qui reconnait les femmes comme égales aux hommes en termes de dignité humaine et d’intégrité physique. Ne laissons pas des États défaire les droits fondamentaux des femmes et prendre les femmes en otage d’un futur où les « valeurs traditionnelles » saperaient leur droit de vivre une vie sans violence.