Toute défense de Charlie Hebdo doit également devenir celle d’autres blasphémateurs et apostats.

Source: 
SIAWI

Source:http://freethoughtblogs.com/maryamn...

Traduit de l'anglais par Marieme Hélie Lucas. Posté en anglais sur siawi : http://www.siawi.org/ecrire/?exec=articles&id_article=8515

Maryam Namazie

8 janvier 2015

Celles et ceux d’entre nous qui ont ouvertement critiqué l’islam et l’islamisme ont fait face à bien des menaces et intimidations de la part du mouvement d’extrême-droite islamiste.

Je reçois, de la part du régime islamique d’Iran,  des coups de téléphone préenregistrés, disant que je serais décapitée et que mon heure est proche (oui, ils ont tellement de menaces à envoyer qu’ils doivent utiliser des messages enregistrés !). J’ai été affublée de tous les termes dérogatoires et menaçants que vous pouvez imaginer : de kafir, murtad, munafiq, à fitnah et janazie (cadavre)…

Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’athées, d’ex-musulmans ou de militants pour la laïcité ( y compris des croyants musulmans) ayant, comme moi, parlé en public, qui n’aient pas fait face à une forme ou une autre de menace ou d’intimidation.

Aussi, le refus de Charlie Hebdo  de se soumettre, quand tant d’autres ont obtempéré, a beaucoup compté pour nous pendant toutes ces années. Ainsi, à la rage que l’on ressent devant une telle tragédie, s’ajoute le fait que le massacre prend une dimension personnelle pour nous.

Cela aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. Nous sommes vraiment Charlie Hebdo.

L’attention actuelle portée à Charlie Hebdo et le besoin crucial d’avoir le droit de critiquer l’islam et la religion en général, ne saurait nous faire oublier les nombreuses personnes qui,  dans le monde, affrontent l’exécution ou l’emprisonnement pour ‘insulte au prophète’ et critique de l’islam. Vous en trouverez ci-dessous quelques exemples, qui incluent des musulmans croyants aussi bien que des athées ; les charges portées contre eux n’ont pas pour but de protéger ‘ les sensibilités musulmanes’ - comme on nous le dit souvent en occident -, mais de protéger le statu quo et le pouvoir politique des islamistes.

La défense de Charlie Hebdo doit servir également la défense de tous ceux qui, nombreux, refusent et résistent.

Le cas le plus urgent est celui de Raif Badawi qui, demain 9 janvier 2015, fait face à l’exécution de sa sentence : le fouet. Raif Badawi a été condamné, en Arabie Saoudite, à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour ‘avoir insulté l’islam’. Il doit recevoir les 50 premiers coups – une torture – demain après les prières du vendredi.

La journaliste Fatma Naoot, accusée d’insulte à l’islam, sera déférée devant le tribunal le 28 janvier, en Egypte, sur des allégations selon lesquelles elle aurait critiqué le sacrifice islamique des animaux.

En janvier 2015, l’érudit musulman Kassim Ahmed, âgé de 82 ans, n’a pas réussi à fléchir la décision du Federal Territory Islamic Religious Department qui l’a accusé d’insulter l’islam, après que la High Court de Malaisie ait jugé que son cas relevait du Tribunal Charia.

Le journaliste et militant anti-esclavage mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mkheitir, âgé de 28 ans, a été condamné à mort le 25 décembre 2014 pour ‘insulte au prophète’.

Un journaliste égyptien, Bishoy Boulous Armia (32 ans) a été condamné à cinq ans de prison sur des allégations d’avoir causé des ‘luttes sectaires’ et ‘insulté l’islam’, après avoir témoigné de la persécution des chrétiens en Egypte.

En décembre 2014, il y a eu dans la bande de Gaza une campagne de menaces de mort lancée contre les artistes et les écrivains pour ‘insulte à l’islam’.

En décembre 2014, la police indonésienne a déclaré l’éditeur en chef du Jakarta Post, Meidvatama Survodiningrat, suspect dans un cas de blasphème lié à une caricature de l’ISIS. Un groupe islamiste a porté plainte contre le journal, disant qu’il avait ‘insulté l’islam’.

Au Pakistan, où le blasphème est puni de mort, un procès a été ouvert contre Junaid Jamshed, plus connu sous le nom de ‘disco mullah’, en décembre 2014 : un rapport l’accuse d’avoir ‘insulté’ l’une des femmes du prophète Mohamed.

En décembre 2014, les bloggeurs Tan Jve Yee et Vivian Lee, 25 ans, ont été révoqués en Malaisie : le chef d’accusation est: insulte à l’islam et au ramadan sur un compte Facebook  et tombe sous la Loi de Sédition.

Le bloggeur de 30 ans Soheil Arabi a été condamné à mort en Iran pour ‘insulte au prophète’ sur Facebook.

En Arabie Saoudite, la militante des droits des femmes Souad al-Shammary est emprisonnée depuis le 28 octobre 2014 sous l’accusation d’avoir ‘insulté l’islam’ et le prophète.

Mohsen Amir-Aslani, 27 ans, jugé coupable d’avoir insulté le prophète Jonah et de faire ‘des innovations en matière de religion’ par ses interprétations du Coran, a été pendu en Iran en septembre 2014.

La Britanique-iranienne Roya Nobakht, 47 ans, a été condamnée à 20 ans de prison pour ‘insulte à l’islam’ après avoir écrit sur Facebook que le régime iranien était ‘trop islamique’.

En septembre 2014, Muhammad Shakil Auj, Doyen de la faculté des études islamiques à l’université de Karachi, Pakistan, a été assassiné par balles deux ans après avoir été accusé de blasphème.

Asia Bibi, mère de cinq enfants âgée de 49 ans, attend en prison depuis cinq ans son exécution pour blasphème au Pakistan.

Et la liste s'allonge et continue encore…