Deux Marocaines jugées pour leurs "robes provocantes" innocentées

Source: 
France 24

 13/07/2015

Les deux Marocaines arrêtées en juin pour port de tenues jugées trop légères ont été innocentées lundi par un tribunal d'Agadir. Poursuivies pour "outrage à la pudeur", elles encouraient de un mois à deux ans de prison.

Deux jeunes femmes marocaines interpellées parce qu'elles portaient des robes jugées provocantes ont été innocentées lundi 13 juillet par un tribunal d’Agadir au Maroc. Leur procès avait suscité une vague d'indignation dans le royaume.

Le verdict a été accueilli avec soulagement par les associations qui les avaient soutenues. "Cet acquittement est positif et signifie que porter ce type de vêtement n'est pas un crime", s’est félicité la présidente de la Fédération de la ligue des droits des femmes (LDDF), Fouzia Assouli.

Les deux Marocaines, âgées de 23 et 19 ans, coiffeuses de profession, avaient été arrêtées le 16 juin sur un marché d'Inezgane près d’Agadir à la mi-juin, alors qu'elles se rendaient à leur travail. D'après des médias locaux, la police est intervenue après leur encerclement par des personnes qui protestaient contre leur tenue "jugée contraire aux bonnes mœurs". Elles étaient poursuivies pour "outrage à la pudeur" et encouraient de un mois à deux ans de prison, en vertu de l'article 483 du code pénal.

 

  © Fadel Senna, AFP | Des Marocaines ont manifesté à Casablanca en soutien aux deux femmes jugées pour "outrage à la pudeur" , le 28 juin 2015.

"Une victoire (...) pour l'ensemble de la société civile"

Après leur arrestation, des rassemblements ont notamment eu lieu à Rabat, Casablanca et Marrakech sous le slogan "Mettre une robe n'est pas un crime". Des centaines d'avocats s'étaient proposés de les défendre et plusieurs associations de défense des droits de l'Homme avaient suivi le déroulement du procès.

"C'est une victoire non seulement pour ces deux femmes mais également pour l'ensemble de la société civile qui s'est mobilisée", a estimé Me Houcine Bekkar Sbaï, un avocat de la défense. Selon lui, ce jugement envoie un message clair : "la pensée extrémiste est inacceptable et personne ne peut s'ériger en gardien de la religion et de la morale".

L’article 483 du code pénal marocain en question

Ce procès est une occasion de "revoir l'article 483 du code pénal car l'habit est une liberté individuelle" et "d'accélérer l'adoption de la loi criminalisant la violence à l'égard des femmes qui tarde à voir le jour", a plaidé pour sa part Fouzia Assouli.

Dans le sillage de l'affaire des robes, la police avait arrêté début juillet deux hommes accusés d'avoir agressé ces deux femmes. Ils risquent un mois à deux ans de prison. Leur procès n'a pas encore commencé.

Avec AFP