Algérie: La presse algérienne se féminise
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Libérte-Algérie L’Unesco réalise un sondage sur les femmes journalistes dans le Maghreb.
Selon l'enquête réalisée, les professionnelles des médias dans notre pays sont plus conscientes de leurs droits que leurs consœurs des autres pays de la région. Cependant, elles sont toujours exclues des postes de responsabilité.
Le bureau de l'Unesco à Rabat (Maroc) vient de dévoiler les résultats d'une enquête réalisée sur la base de questionnaires individuels et de groupes distribués à 325 journalistes femmes du Maghreb. Cette expertise intitulée “Journalisme maghrébin au féminin” a pour principal objectif de vérifier si les professionnelles des médias de cette région souffrent de discrimination dans l'exercice de leur métier.
La marginalisation, l'exclusion des postes de responsabilité, le confinement dans le traitement de contenus mineurs et le désir d'affranchissement sont les hypothèses qui ont prévalu dans la réalisation du sondage. Des chapitres décrivent la situation des journalistes de chaque pays. Dans le cas de l'Algérie, trois thèmes ont été retenus : le statut et la place de la femme dans le champ médiatique, les conditions, les droits et les moyens de travail ainsi que les besoins en formation et en perfectionnement.
Sous certains aspects, les journalistes algériennes se plaignent des mêmes contraintes que leurs confrères masculins. Les limites à la liberté d'expression, l'insuffisance des salaires, la pratique de la cooptation dans l'octroi de promotions, ainsi que la cadence de travail effrénée sont des griefs qui les rassemblent. Mais les femmes ont aussi leurs propres revendications.
Le fait d'être plus nombreuses les rend plus audibles. L'enquête certifie, en effet, que le métier de journaliste dans notre pays est en voie de féminisation. La disponibilité et l'investissement dont il est demandeur ne sont pas un frein pour les femmes. “La présence de la journaliste femme dans ces secteurs s'accroît de plus en plus au point de parler de féminisation de la corporation à l'instar du secteur de l'éducation et de la santé.
Cette présence est pluridisciplinaire du moment qu'elle touche l'ensemble des services. Elle est rédactrice spécialisée, reporter ou commentatrice”, observe l'Unesco. 52% des journalistes interrogées affirment exercer leur profession depuis 15 ans et plus. Contrairement à leurs consœurs marocaines et mauritaniennes plus promptes à travailler dans des périodiques, elles se dirigent plus volontairement vers des titres de la presse quotidienne.
Dans le secteur de l'audiovisuel, on évoque “une arrivée effrénée” des femmes. À la radio, elles sont en passe de réaliser la parité dans les rédactions. À la question de savoir si elles souffrent de marginalisation, les sondées ont répondu négativement. La meilleure preuve étant que les journalistes femmes ne sont pas cloîtrées dans les desks.
Plus de 70% assurent accomplir leur travail à l'extérieur. En outre, beaucoup ont qualifié la progression de leur carrière de “normale”. Toutefois, un plafond de verre les empêche encore d'accéder aux postes de responsabilité. “Leur indisponibilité liée à des contraintes familiales et leur refus de travailler ou de se déplacer leur jouent un bien mauvais tour dans le changement statutaire.
De l'avis de certains collègues hommes qui déplorent cette situation, ce n'est nullement leur professionnalisme ou leur niveau de maîtrise des questions politiques ou économiques qui sont à l'origine de ce statu quo de la carrière de leurs collègues femmes”, confirme l'enquête. Les concernées, en revanche, rejettent ces a priori.
Parfaitement conscientes de leurs droits, elles les défendent avec force. Par ailleurs, elles se font l'écho d'exigences communes avec leurs collègues hommes. La motivation matérielle et morale, de meilleurs salaires, ainsi que la bonne gestion de leurs entreprises supplantent la demande de leurs consœurs du Maroc relative à la formation continue. Ce besoin est-il satisfait en Algérie? 63% des sondées disent avoir bénéficié de sessions de formation dans leurs entreprises actuelles.