Algérie: Rina Sherman au séminaire international contre le terrorisme à Alger
À Paris, il apprenait que Jean-Baptiste Rivoire de Canal+, faisant foi d’un email reçu d’Amnesty International à Londres, l’accusant de travailler pour les services secrets algériens et français et d’avoir harcelé l’épouse d’Abdelkader Tigha, le discréditant auprès des rédactions parisiennes, dont celle du journal le Figaro Magazine qui devait publier son enquête.
Transfuge de l’armée algérienne, Tigha mettait en cause l’armée algérienne dans la mort des moines, thèse défendue par l’équipe de Canal+, comme par les membres du lobby “Qui tue qui ?”
Cet ancien sous-officier constituait un témoin-clé pour les émissions Lundi investigation et 90 Minutes de Canal+, ainsi que pour la plainte déposée en décembre 2003 par Me Baudouin (FIDH) pour une des familles des moines victimes. Les précédentes investigations de Didier Contant ont été respectivement publiées dans le Pèlerin Magazine en février 2003 et dans le Figaro Magazine en décembre 2003. Au cours de sa dernière investigation, le grand reporter avait trouvé de nouveaux témoins indiquant que les moines avaient été assassinés par le GIA et il avait recueilli des témoignages mettant en doute la personne d’Abdelkader Tigha.
Malgré la gravité des accusations, aucun confrère des rédactions parisiennes ne demandait au journaliste de Canal+ d’en apporter la preuve. Profondément atteint dans sa réputation et son honneur, Didier Contant ne supporte pas la calomnie et meurt dans des circonstances troublantes. L’enquête a conclu à un suicide. Un seul journaliste posera la question de la responsabilité de son confrère de Canal+ dans sa mort : Jean-François Kahn dans l’hebdomadaire Marianne. Condamné une première fois pour diffamation, Kahn a gagné le procès en appel qui établissait un lien entre les agissements des journalistes de Canal+ et la mort de Didier Contant.
Convaincue de l’innocence de Didier Contant et de l’effet néfaste que les accusations de l’équipe de Canal+ ont eu sur ce journaliste chevronné, Rina Sherman a mené une contre-enquête sur la mort de son compagnon. Les conclusions de son enquête lui ont permis de déposer une plainte avec constitution en partie civile pour violences volontaires contre Rivoire de Canal+ et de publier un livre, le Huitième mort de Tibhirine (Éditions Tatamis, Paris et Éditions Lazhari Labter & le Soir d’Algérie, Alger) en 2007. Rina Sherman sortira prochainement un film, Paris de mes exils, qui porte une réflexion sur la liberté d’expression constituant un droit fondamental de l’être humain.
22 mars 2008
Par: Rédaction de Liberte