Tunisie: Pétition à Tunis pour le rejet de la Charte arabe des droits de l'Homme

Source: 
AFP
Une centaine de personnalités tunisiennes ont demandé le retrait de la Charte arabe des droits de l'Homme en cours d'examen par les députés tunisiens, ce document étant jugé "inacceptabe" et "très en retrait" par rapport à la législation tunisienne.
La Charte arabe, adoptée par les gouvernements dans le cadre de la Ligue arabe, représente "un recul important" par rapport au dispositif législatif tunisien, notamment en matière de droits de la femme, estiment les signataires au nombre desquels comptent essentiellement des universitaires, des syndicalistes et des militants de gauche.
Dans un "Appel au chef de l'Etat" tunisien, les signataires, parmi lesquels une trentaine de femmes, expriment leur "attachement aux acquis réalisés au cours du demi-siècle écoulé, par le peuple tunisien, notamment en matière de droits des femmes et d'égalité entre les sexes". Ils font part de leur "préoccupation" à la lecture des dispositions de la Charte arabe des droits de l'Homme, actuellement en discussion à la Chambre des Députés à Tunis, pour ratification.

"En comparaison avec notre législation nationale, sur plusieurs plans et plus particulièrement celui des droits des femmes, cette Charte, dans un grand nombre de ses dispositions, constitue un grand recul", estime la pétition. Tout en se déclarant "convaincus de la nécessité de renforcer et de développer l'action arabe commune", les signataires affirment cependant que la Tunisie ne peut "légitimer des pratiques et des mentalités" relevant de "valeurs rétrogrades en rupture avec la modernité et le progrès". "Toutes les sensibilités et les forces démocratiques attachées aux droits de l'Homme et aux droits des femmes en particulier considèrent unanimement que cette Charte est inacceptable (...) même si elle représente un progrès pour certains pays arabes", affirme encore le texte."

Les signataires relèvent que la Commission internationale des juristes (CIJ) à Genève, le Groupe des experts arabes chargés par le Secrétaire général de la Ligue Arabe d'examiner le texte "ont été extrêmement critiques" à l'égard de cette Charte. Ils demandent au président Zine El Abidine Ben Ali de "donner ses instruction au gouvernement pour le retrait du texte déposé à la Chambre des Députés" et réclament "l'ouverture d'un débat national" sur la question.

En Tunisie, le statut des femmes est régi par le Code du statut personnel (CSP), un ensemble de lois très libérales pour un pays arabo-musulman, proclamé en 1956 à l'initiative de l'ex-président Habib Bourguiba. Ces lois banissaient déjà la polygamie, ouvraient la voie à l'instruction obligatoire des filles, à la contraception, à la liberté de choix du conjoint, supprimaient la répudiation, introduisaient le mariage civil et le divorce judiciaire. L'égalité juridique des sexes est également inscrite dans la Constitution de 1959 pour ce qui est du droit de vote, d'éligibilité et de travail rémunéré.Les Tunisiennes forment aujourd'hui le quart de la population active, elles représentent 22% des députés, 31% des avocats, 27% des magistrats et plus de la moitié des étudiants à l'université.