Mondial: La Marche mondiale des femmes fait halte à Marseille

Source: 
Le Monde
Plusieurs milliers de femmes, venues de 35 pays, se sont retrouvées, 28 et 29 mai, à Marseille, étape française de la Marche mondiale des femmes qui, partie de Brésil, doit arriver à Burkina Faso en octobre, après un long périple en Europe et en Océanie.
Cette marche, deuxième du nom, est porteuse d'une Charte mondiale des femmes pour l'humanité, approuvée en décembre 2004 à Kigali, au Rwanda.
Elle se définit comme "une action de citoyenneté des femmes qui se mobilisent contre les plaies qui font la honte de toutes les civilisations, cultures, régimes politiques et systèmes économiques : la pauvreté, la domination patriarcale et les violences faites aux femmes" .

Plus de 159 pays et 6 000 groupes de femmes, de sensibilités diverses, constituent ce mouvement féministe qui, lors de sa première Marche mondiale, avait remis à l'ONU une pétition comportant 4 736 000 signatures.

Accueillies par le Collectif 13/Droit des femmes, qui regroupe une quarantaine d'associations féminines, oeuvrant dans les domaines de la santé, de la vie de quartier, du soutien aux femmes sans papiers ou de l'action politique et syndicale, ces militantes féministes ont participé à cinq forums, tenus dans les locaux du conseil régional, du conseil général ou du palais des congrès.
LISTE FÉMINISTE

Les textes étaient discutés devant des salles combles. Le forum "Démocratie, pouvoir et égalité" se fixait par exemple pour objectif de dénoncer tout ce qui fait reculer les droits des femmes, voire la non-reconnaissance de droits fondamentaux" . Une militante polonaise y parlait "du mariage concordataire imposé par l'Eglise" et dénonçait "la Ligue des familles polonaises comme organisation fasciste" . Une Française lui succédait pour exiger de l'Europe"la parité dans toutes les institutions" .

Très applaudi, un Suédois évoquait la possibilité d'une liste d'Initiative féministe lors des prochaines législatives"si on veut que les questions féministes arrivent au premier plan de l'agenda politique" . Une Chypriote intervenait ensuite pour expliquer que les femmes grecques et turques de son île avaient signé la Charte ensemble, sur la ligne verte qui sépare encore leur pays.

Une femme marocaine racontait les "quarante années de lutte pour arracher les premières mesures d'égalité" dans son pays, une Algérienne, colère mal contenue, rappelait l'époque où "les Européens estimaient que le FIS était modéré, alors que nous, femmes algériennes, nous savions très bien qui nous tuait" . Ovation, avant que la présidente de séance demande un peu de calme pour entamer la discussion, très attendue, sur la laïcité.

Toute la matinée de samedi, les forums sur la sexualité, les violences faites aux femmes, le travail et la précarité, les femmes migrantes, la démocratie et le pouvoir ont oscillé entre des débats serrés sur les textes en circulation dans les collectifs de la Marche mondiale, et des moments d'enthousiasme et de colère qui tranchaient sérieusement avec l'atmosphère empesée et masculine qui règne ordinairement dans les salles du conseil régional.

Nicole Thuet, présidente du Collectif 13 / Droit des femmes, se réjouissait que cette journée ait "permis de réaliser le rêve de donner au mouvement des femmes l'occasion de parler d'une seule voix, ici dans cette ville en face de l'Afrique et du Burkina Faso" , où la Marche mondiale doit aboutir, à Ouagadougou, le 17 octobre. Une manifestation a alors parcouru les grandes artères du centre-ville de Marseille, les organisatrices annonçant 10 000 personnes, la police 2 500.

Michel Samson
Article paru dans l'édition du 31.05.05