Tunisie: Temoignage d'une citoyenne Tunisienne contres les extremistes religieux

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Je transmets le témoignage suivant: Aujourd’hui, Samedi 19 janvier 2011, j’ai participé à la marche des femmes pour la citoyenneté et l’égalité, et ce aux cotés de nombreux citoyens tunisiens (hommes et femmes) sur l’avenue Habib Bourguiba. Tout se passait très bien, nous avons fait un tour sur l’avenue, tranquillement en exprimant notre point de vue et nos slogans dans une quiétude totale.

Alors que nous étions devant le ministère de la femme, et ironiquement, place de l’indépendance, un extrémiste accompagné d’une bande de jeunes s’est frayé un passage au milieu de notre rassemblement avec des slogans dans le genre « le peuple veut le démantèlement du gouvernement»… La majorité des personnes de notre rassemblement ont commencé à les huer étant donné que nous n’étions pas du tout d’accord avec son slogan ni avec l’intervention d’un extrémiste religieux au milieu de citoyens qui revendiquaient le respect de la femme et un état laïque !

 

De leur coté, ils ont continué à s’immiscer entre nous, et à crier des slogans comme « les femmes dans vos cuisines ». Afin de ne pas tomber dans leur provocation, notre mouvement les a laissé derrière, leur donnant de dos, et s’est tranquillement dirigé dans le sens contraire.

 

La horde de voyous s’est trouvé du coup planté et ignoré. Vous vous imaginez bien que des hommes qui, imbibés de notions extrémistes en tous genres, se sont vus nargués et pris de haut, n’ont pu que réagir négativement. En effet, ils se sont mis à presser le pas et à quasiment « pourchasser » les manifestantes et manifestants qui étaient au devant.

 

C’est à ce moment la que le chef extrémiste s’est dirigé vers moi, et je le reconnais, je n’ai pas reculé devant cette horde de jeunes voyous manipulés - ce n’est ni dans mon tempérament ni dans mes principes. Je crois en mes valeurs et je les défendrai ! Le chef, donc, (avec un sac Luis Vuitton en bandoulière !?!?!?) s’est approché de moi en bombant le torse (comme si cela allait m’impressionner) pour me demander pourquoi je le regardais ainsi! Que croyait – il, que moi, femme tunisienne indépendante et libre allait peut être baisser les yeux et lui céder le passage ou avoir peur d’un pommé pseudo-religieux !?? Et bien NON ! Je lui ai répondu : « je te regarde comme je l’entends et je suis libre de mes actes ! »

 

Sur ce, un autre voyou minable a placé sa main sur mon corps de manière totalement irrespectueuse, pendant qu’un autre a utilisé le manche d’un drapeau pour me frapper avec sur le torse. Inutile de vous dire que mon mari a bien entendu réagis de suite, et nous nous sommes retrouvés à deux au milieu d’un groupe de voyous de plus de cent cinquante personnes (et je vous assure que je n’exagère aucunement). Lorsqu’ils ont encerclé mon mari, je me suis précipitée également et je me suis battue à ces cotes afin de nous défendre au poing ! Je hurlais « lachez-le, lachez-le » (ref. mon mari bien entendu).

 

La situation très rapidement a dégénéré, mais nous nous sommes tout de suite trouvé encerclé par un groupe de moins jeunes qui très clairement étaient la pour nous protéger. Je suppose qu’ils étaient des policiers en civils et je leur suis reconnaissante pour leur intervention. Ils nous ont encerclé et doucement guidé en dehors de la foule de voyous. Ils sont même restés en rempart entre nous et eux pendant un moment.

 

Les voyous, pour leur part, ne se sont pas arrêtés la. Ils ont avancé vers le reste du rassemblement, ils ont déchiré les pancartes de certaines, frappé des femmes dans le dos, et giflé d’autres. Ils ont continué à toutes les agresser jusqu’au dispersement totale du rassemblement.

 

Ceci est un récit des faits que j’ai subi et dont j’ai été témoin. Cependant, je souhaite surtout transmettre le message suivant à ceux qui veulent bien le lire.

 

Ces jeunes voyous manipulés par un barbu, ne savaient même pas de quoi ils parlaient ou ce qu’ils étaient en train de scander. A leur tête, un barbu, qui a commencé tout ce mouvement agressif, démontre bien que les extrémistes ont récolté tout ceux qu’ils pouvaient pour contrer un rassemblement pacifiste et respectueux et surtout un rassemblement de femmes.

 

En semant la zizanie, en volant, en frappant, ce chef barbu et ses troupes ont bien démontré que ces extrémistes ne sont en aucun cas « démocrates ou encore modérés » comme leurs chefs ainés sont actuellement en train de prétendre, à qui veut bien l’entendre, sur les télévisions et radios nationales et internationales ! Ces gens n’ont aucun respect quel qui soit, pour qui que ce soit et encore moins pour nous les femmes.

 

Ils n’avaient pas le droit de contrer notre manifestation par la violence. Nous avons le droit de nous exprimer autant qu’eux et sans avoir à nous justifier. C’est notre DROIT. Il est clair que l’usage de la violence ne vient que lorsque qu’il n’y plus d’arguments, et c’est précisément ce que ces extrémistes n’ont pas – des arguments.

 

Je ne me souviens que trop, comment à la fin des années 80, les membres de ce mouvement extrémiste religieux, jetaient de l’acide chlorhydrique aux visages, bras et jambes des filles qui ne se voilaient pas ! De quel droit ? Chacun est libre de pratiquer sa religion comme il l’entend.

 

Je ne permettrai pas à des voyous, manipulés par des extrémistes religieux, de devenir un danger aux libertés physiques et idéologiques de la femme tunisienne (qui partage mon avis).

 

En nous dispersant et en nous agressant, ils ont eu l’impression qu’ils avaient eu gain de cause. Pauvres ignares. La rue ne leur appartient pas ! Nous sommes libres, modernes, éduquées, cultivées, intelligentes, ouvertes, indépendantes, tolérantes, fortes et capables. LA FEMME TUNISIENNE A SA PLACE DANS CETTE NATION ET DANS LA RUE, autant que les hommes, et NUL NE PEUT SE PERMETTRE DE L’EN CHASSER.

 

Ces extrémistes ignares qui insultent et frappent les femmes, ne connaissent même pas les fondements de notre noble religion et ne savent pas que selon les paroles de notre prophète « إن الجنة تحت أقدام الآمهات », et pour les francophones « Le paradis se trouve sous les pieds des mères ».

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