Algérie: Hommage au Centre de Presse d’El Moudjahid, à Maître Ronda Copellan

Source: 
Elmoudjahid

C’est en présence de Mme Lynn M. Segas, chargée à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Alger, des Affaires politiques et économiques et représentante de son Excellence à la séance qui a eu lieu hier, la conférence-débat en hommage à la défunte avocate américaine, maître Ronda Copellan, au centre de presse d’El Moudjahid. A cette réunion organisée à l’initiative de Mme Saïda Benhabylès, ancienne ministre et coordinatrice dans le mouvement associatif ont été associés des juristes, représentants d’associations de victimes du terrorisme du mouvement associatif, des médias.

Mme Benhabylès qui a eu à côtoyer la grande militante avocate américaine a évoqué le souvenir de celle-ci en des termes pathétiques et emplis de reconnaissance. Maître Ronda Copellan décédée à la suite d’une longue maladie, le 6 mai dernier, a été de tous les combats avec les victimes algériennes du terrorisme qu’elle a défendues auprès des tribunaux américains à titre gracieux, notamment lors de l’affaire qui a opposé des victimes à Anouar Haddam, activiste de l’ex-FIS, réfugié aux Etats-Unis.
Maître Ronda Copellan s’était chargée de toute la procédure devant les tribunaux, procédure longue et très complexe comme ont témoigné des spécialistes lors de la séance d’hier au Centre de Presse d’El Moudjahid.
Maître Ronda Copellan a été d’une aide particulièrement précieuse. Elle a fait adhérer à sa cause, d’autres juristes américains.
Mme Benhabylès relevait dans son intervention que l’Algérie voulait s’associer à l’hommage international qui était rendu à la grande militante, en organisant cette rencontre.
La société civile s’était donc donnée rendez-vous pour se rappeler les grands engagements de cette non moins grande militante des causes justes Mme Ronda Copellan s’étant volontairement et spontanément associée à la lutte anti-terroriste pour défendre les associations de victimes du terrorisme chaque fois que des affaires les concernant, étaient portées devant les tribunaux américains.
Mme Ronda Copellan a été sur le front, participant à toutes les grandes conférences internationales, et celles consacrées aux droits de la femme à travers le monde, car c’était une grande féministe, dit d’elle, Mme Benhabylès.
Elle s’intéressait énormément à l’évolution de la situation en Afrique. Les représentants algériens qui ont pu  travailler avec l’éminente avocate, témoignent de la parfaite connaissance par Mme Ronda Copellan, de la lutte du peuple algérien contre le terrorisme, et des manipulations que certains milieux hostiles ont entretenu pour tenter de diminuer de l’importance de cette lutte. Elle a rencontré pour cela beaucoup de monde. Sa porte restait invariablement ouverte aux victimes de ce fléau. Son combat contre la pauvreté, contre les discriminations raciales que son propre pays connaissait, entre dans la logique de ses convictions.
Pour l’éminente juriste, les lois d’un pays doivent être l’émanation des peuples. Elles doivent venir en défense  des plus vulnérables . Maître Ronda Copellan, dénonçait régulièrement dans ses interventions le racisme, les pratiques raciales, la torture, jusque dans son propre pays, note ainsi Mme Benhabylès.
Intervenant à son tour, Mme Kheddar Chérifa, présidente de l’Association Djazaïrouna, (victimes du terrorisme), relève pour sa part que lors de la commémoration du 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, Maître Ronda Copellan, en rendant un hommage appuyé aux victimes algériennes du terrorisme, notait que si les Etats-Unis avaient su tirer la leçon de la tragédie algérienne et avaient pris en compte les mises en garde algériennes sur la nature du terrorisme qui est de nature planétaire, peut être que la tragédie du 11 septembre 2001 aurait pu être évitée. Maître Ronda Copellan aura été d’un grand dévouement pour les victimes algériennes n’hésitant pas à sensibiliser de hautes personnalités de son pays pour écouter les délégations algériennes de victimes du terrorisme qui étaient de passage aux Etats-Unis, afin d’écouter leurs témoignages, relève Mme Kheddar Chérifa.
Elle exploitait systématiquement enregistrements, témoignages, vidéos devant les tribunaux américains pour obtenir gain de cause. Pour Maître Aït Zaï Nadia, avocate, Maître Ronda Copellan était particulièrement ouverte à toutes les causes nobles, elle était particulièrement présente sur tous les fronts. Maître Aït Zaï Nadia, rappelle qu’il n’était pas simple d’aller devant les tribunaux américains.
C’est grâce au professionnalisme et au dévouement de Me Ronda Copellan que l’on a pu introduire des plaintes.
Ce souvenir est grand dans nos mémoires relève l’oratrice. Maître Ronda Copellan restera ainsi notre modèle de combat. Maître Aït Zaï Nadia qui affirme n’avoir pu rencontrer à son grand regret qu’à deux reprises l’éminente avocate américaine, souligne de celle-ci, que c’est un visage qu’on ne peut oublier.
Elle est un exemple pour tous cette commémoration au centre de presse d’El Moudjahid, se veut comme un hommage à sa mémoire de grande militante, qui doit nous inciter à poursuivre son combat.
De son vivant, Maître Ronda Copellan n’avait pu visiter que brièvement notre pays en 97, pays pour lequel elle vouait un immense respect, relève Mme Benhabyles. On aurait souhaité la voir revenir un jour, pouvoir séjourner plus longtemps dans notre pays, le visiter et rencontrer  plus de monde. Le sort en a décidé autrement, l’éminente juriste, quelques jours avant sa disparition, avait créé une fondation, Fondation Copelan, au sein de laquelle toutes celles et tous ceux qui se reconnaîtront dans son combat peuvent poursuivre la lutte.
Nous voulons à cette occasion, réitérer notre engagement pour ce qui nous concerne et notamment dans la lutte anti-terroriste. La société civile algérienne a vécu des moments difficiles, il a été capital pour elle, de trouver chez des personnalités de l’envergure de Maître Ronda Copellan, disponibilité et compréhension a noté Mme Benhabyles, l’oratrice en profite pour exprimer sa solidarité à l’égard de toutes les victimes du terrorisme  à travers le monde.
Les Algériens comprennent mieux à travers ce qu’ils ont pu endurer la douleur des autres. Mme Kheddar Chérifa relève que Maître Ronda Copellan était une femme engagée dans la défense des droits humains à travers le monde. Elle était favorable à la saisine des tribunaux dans le cas de violation de ces droits  où la plainte était déposée contre des ressortissants nationaux ou étrangers. Elle était d’une très grande tolérance, elle dénonçait l’exploitation qui était faite de liIslam dans les situations de violence et avait un profond respect pour notre religion.
Sur la lutte anti terroriste, Mme Benhabylès, répondant aux nombreuses questions dans le débat, relève que le versement de rançons pour délivrer les otages, est inadmissible. Elle se dit en faveur de la criminalisation du paiement de rançons. L’ONU le condamne mais il n’ y a pas encore de texte pour criminaliser l’acte en lui-même.
T. M. A.


La présidente de la Fédération internationale des  associations de victimes du terrorisme, Mme Saïda Benhabyles a insisté, hier,  sur la nécessité de criminaliser le paiement de rançon aux groupes terroristes  pour la libération des otages.  Intervenant lors d'une rencontre organisée au quotidien El-Moudjahid  en hommage à la défunte avocate américaine partisane des causes algériennes,  Ronda Copellan, Mme Benhabyles a souligné que cette mesure à laquelle  recourent plusieurs pays pour libérer leurs ressortissants enlevés par les groupes  terroristes, notamment dans la région du Sahel africain constituait "un crime  abject à l'encontre de toutes les personnes libres de par le monde car elle  constitue le terrorisme “en partie” avec laquelle il faut traiter". L'intervenante a relevé plusieurs autres moyens pour traiter les opérations  d'enlèvement, autres que l'encouragement du terrorisme, en l'incitant à se doter  des moyens et d'armes sophistiquées pour la poursuite  de l'activité terroriste qui cible les citoyens". Le phénomène de paiement de  rançons "est l'une des principales sources de financement des groupes terroristes activant dans la région du Sahel africain", a-t-elle ajouté. A cet effet, elle fait part de la grande préoccupation de la société  civile, devant la propagation de ce phénomène au Sahel, au risque de transformer  la région en "deuxième Afghanistan", à la lumière des ingérences étrangères  suscitées par ce problème, affirmant que les pays africains "sont à même de  faire face au terrorisme et l'Algérie en est le meilleur exemple".  Soulignant l'existence d'un "amalgame" chez la communauté internationale concernant le concept de terrorisme, Mme Benhabylès à appelé à une définition  claire du concept et à le faire connaître comme étant "un crime qui menace  la sécurité et la paix internationales". Elle a également plaidé pour la distinction  entre le terrorisme et la lutte légitime des peuples sous emprise coloniale  ou occupation étrangère".   Abondant dans le même sens, l'intervenante a cité l'exemple des deux  ressortissants algériens, Hocine Mohamed et Abdelkader Mohamed, anciens membres des groupes de légitime défense (GLD) dans les années 1990, mis sous contrôle  judiciaire depuis six ans à Nîmes (France), appelant la justice française à  mettre un terme à l'attente "sans fin" du procès de ces deux ressortissants". "Le dossier de la justice française est infondé. La lenteur de la procédure,  qui perdure depuis six ans, en est la preuve concrète", a-t-elle asséné. "L'affaire des frères Mohamed a commencé par des plaintes déposées  par des familles de disparus embrigadées par la FID. Il est clair qu'il y a  derrière tout cela des desseins politiques", a-t-elle affirmé. Mme Benhabyles a précisé qu'une plainte déposée par Patrick Baudouin,  président de la fédération internationale des droits de l'homme (FID), est à  l'origine des accusations portées contre les frères Mohamed.  Concernant l'hommage rendu à l'avocate américaine, décédée en mai dernier,  Mme Benhabylès a souligné qu'outre ses positions en faveur des causes justes  dans le passé, à l'instar de la guerre du Vietnam, et en Bosnie-Herzégovine  et autres, Copellan était une grande sympathisante de l'Algérie pendant  la décennie noire et fut la porte-parole et la voix des associations algériennes  des victimes de terrorisme dans son pays. L'avocate américaine qui n'avait visité l'Algérie qu'une seule fois  en 1997 fut la première à avoir introduit les affaires de terrorisme en Algérie  dans les cours américaines où elle a fait connaître ce phénomène. Ainsi, elle  fut derrière les plus importantes poursuites judiciaires ayant touché plusieurs  membres des groupes terroristes armés qui s'étaient enfuis aux Etats Unis.

APS