Grande-Bretagne: Le vote musulman s'est détourné des travaillistes lors des dernières élections
Tout a changé en 2003, avec la guerre en Irak qui a fissuré ce vote entre les musulmans et les autres. Les Britanniques originaires d’Inde ou des Caraïbes sont restés fidèles à Tony Blair, les musulmans (essentiellement du Pakistan et du Bengladesh) s’en sont détournés.
La circonscription la plus symbolique est celle de Bethnal Green, dans l’est de Londres. Lors des élections générales de 2005, George Galloway, ancien député travailliste passé dans le petit parti Respect, a mené une campagne tournée contre la guerre en Irak. La population bengalie, qui y représente le tiers des habitants, l’a élu d’une très courte majorité, provoquant l’un des plus importants camouflets électoraux contre Tony Blair.
Les chiffres dans les dix circonscriptions avec la plus forte population musulmane sont sans appel : en 2005, les travaillistes perdaient en moyenne 15 % des voix par rapport à 2001. À Birmingham, le parti Respect est passé près d’empocher une deuxième victoire.
En revanche, les autres minorités restent pour l’instant proches des travaillistes. «La communauté noire estime notamment qu’ils sont plus ouverts aux candidats noirs», explique Patrick Dunleavy. Mais là aussi, il est possible que le vent soit en train de tourner. Le nouveau leader des conservateurs, David Cameron, a lancé une campagne pour recruter plus de candidats issus des minorités.
De plus, la communauté indienne connaît une excellente intégration sociale, avec de très bons taux de réussite scolaire, et elle est de moins en moins naturellement proche des travaillistes. En revanche, l’électorat de base des travaillistes lui reste pour l’instant fidèle. Parmi les bénéficiaires de logements sociaux, 55% ont voté pour le parti de Tony Blair en 2005.
Par: Eric Albert
16 avril 2007