Pakistan: Le Pakistan modifie en faveur des femmes sa législation sur le viol

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Agence France-Presse
Après plusieurs tentatives, le Pakistan a assoupli mercredi sa législation islamique controversée sur le viol des femmes et l'adultère, malgré la vive opposition des fondamentalistes, une refonte défendue par le gouvernement du président Pervez Musharraf.
Aux termes d'une nouvelle Loi de protection des femmes, celles-ci n'auront plus l'obligation de trouver quatre témoins - hommes et «bons musulmans», pour prouver un viol.
De même, l'adultère ne sera plus puni par la mort par lapidation mais par cinq ans d'emprisonnement au maximum et une amende.

Le Parlement pakistanais a fini par adopter mercredi le projet de loi présenté par le gouvernement et qui marque un adoucissement des lois Hudood adoptées en 1979 dans le cadre de l'islamisation du pays entreprise par le général Zia-ul Haq.

Aux termes de cette législation, une femme devait présenter des témoignages de quatre hommes «bons musulmans» pour prouver un viol, ou faire face à des poursuites pour adultère.

Des parlementaires fondamentalistes ont boycotté le vote mercredi après avoir violemment averti que cette réforme allait transformer le Pakistan en une «société de libération sexuelle».

Après trois essais ratés, le gouvernement avait reporté sine die en septembre l'examen au Parlement de cette révision législative, sous les pressions de l'opposition islamiste conservatrice.

«Cette loi va protéger les droits des femmes», a assuré le premier ministre Shaukat Aziz devant l'assemblée nationale, la chambre basse du Parlement.

La législation amendée est conforme au Coran et aux textes islamiques sacrés, selon lui.

Cette refonte a fait l'objet pendant des mois d'une âpre bataille entre les partisans d'une abrogation pure et simple des lois Hudood et les partis islamistes, dont notamment l'alliance Muttahida Majlis-e-Amal, principale force d'opposition parlementaire, qui refusent toute altération d'une législation inspirée, selon eux, par le Coran.

En mettant en oeuvre en 2002 sa politique de «modération éclairée», le président Musharraf s'était engagé à étudier une révision des lois Hudood, vilipendées par les associations de défense des droits de l'Homme.

Mardi, l'organisation américaine Human Rights Watch avait exigé du Pakistan qu'il présente ce projet de loi au Parlement.

Le président Musharraf, allié des États-Unis dans la lutte antiterroriste, avait déjà fait assouplir en juillet une loi sur la détention des femmes pour adultère.

Sous les lois Hudood, la peine maximale encourue (mais jamais appliquée) pour l'adultère par un homme ou par une femme était la mort par lapidation.

La nouvelle législation décrit l'adultère comme un «acte lubrique», puni par une peine allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et par une amende.

«Ce n'est peut-être pas aussi bien qu'une abrogation complète des lois Hudood mais c'est un pas vers le démantèlement de la législation contre les femmes et les minorités», a déclaré Farhatullah Babar, porte-parole du Parti populaire du Pakistan (PPP) de l'ancien premier ministre Benazir Bhutto, formation à l'origine du projet de loi.

En juillet dernier, M. Musharraf avait déjà modifié une loi concernant la détention des femmes accusés d'adultère ou d'autres délits mineurs, autorisant leur libération sous caution. Plusieurs centaines de femmes ont bénéficié de cette procédure.

15 novembre 2006
Agence France-Presse